Un document qui retrace l'historique jusqu'à devenir Chrysler-France==========================Les origines de S.I.M.C.A.
La naissance de SIMCA, est l’aboutissement de la longue période de pénétration en France, commencée pendant la première Guerre Mondiale, de la firme italienne FIAT. Dès 1916, Ernest Loste, ancien coureur cycliste, avait pris bail d’un immeuble parisien situé, 115 avenue des Champs Elysées, pour diffuser les véhicules Fiat. Cette structure étant insuffisante, la création d’une société anonyme était inévitable.
La SAFAF
Les deux assemblées générales constitutives des 6 et 13 août 1926, de la Société anonyme française des automobiles FIAT (SAFAF), ont désigné Ernest Loste comme seul fondateur apporteur et le nomment président. Henri Théodore Pigozzi, né à Turin le 26 juin 1898, en a été nommé le directeur général.
La dénomination, évolue en mars 1927, pour devenir « Société anonyme française pour la vente en France des automobiles FIAT » tout en conservant l’acronyme SAFAF. La situation économique internationale, avec la mise en place protectionniste de tarifs douaniers en hausse, impose une réorganisation de la SAFAF. La seule issue étant la fabrication en France des voitures. En avril 1932, la Société prend une 3ème dénomination « Société anonyme française pour la fabrication en France des automobiles FIAT ». C’est le jeune et bouillant directeur général : HT Pigozzi qui réussit à convaincre les dirigeants de FIAT de faire sous traiter en France et d’y assembler les modèles de Turin.
La FIAT française 6cv eut tellement de succès, que l’ancien atelier de carrosserie des Ets Manessius s’avére insuffisant. Une véritable usine d’assemblage devient nécessaire. C’est au cours de l’été 1934 qu’ H.T. Pigozzi et ses proches lieutenants, entament une vraie chasse à l’usine. L’histoire donna rendez-vous, à H.T. Pigozzi, avenue Georges Clemenceau à Nanterre, derrière la porte d’une usine assez avenante d’où sortaient encore, en cet été 1934, des voitures au nom populaire de Donnet (société déclarée en faillite le 20 décembre 1934).
Création de S.I.M.C.A.
Alors, que selon un rythme accéléré, on cassait la plupart des installations de cette usine, H.T. Pigozzi étudiait avec des juristes français, en liaison avec Fiat, la création d’une société de structure française. Celle-ci fut constituée le 2 novembre 1934, sous l’appellation :
Société Industrielle de Mécanique et de Carrosserie Automobile (S.I.M.C.A.).
Le siège social installé provisoirement au 66 rue Caumartin fut transféré trois semaines plus tard, 153 rue Danton à Levallois-Perret. L’effort d’industrialisation mené à un rythme record dans l’usine rachetée à Nanterre, permit de démarrer, sous licence, la production des 6cv FIAT dès le mois de juillet 1935. Peu de modifications avaient été apportées à ces berlines déjà connues en Italie sous le nom de Balilla.
Les modèles 11cv furent également fabriqués dans cette nouvelle usine.
Les voitures construites arborent sur la calandre un nouveau logo SIMCA licence FIAT, les enjoliveurs de roues portent un motif identique.
En 1936, la jeune firme française commença la production de la Simca Cinq, qui était en fait, la petite Fiat Topolino 3 cv, à carrosserie aérodynamique . Malgré les retards provoqués par les grèves du printemps 1936 le lancement de la Simca Cinq interviendra avant celui de la Topolino.
Ce modèle connut un grand succès, et sa production se poursuivit jusqu’en 1949.
Pour les voitures construites en 1936-37 et au premier trimestre 1938, le logo évolue, le nom Simca prend de l’importance.
1937, au salon de Paris d’octobre présentation de la Simca 8, soeur française de la « Nuova Balilla FIAT » 6cv, à carrosserie aérodynamique. Ce modèle allait poursuivre sa carrière jusqu’en 1951.
1938, au printemps l’hirondelle vient se nicher sur le nouvel écusson SIMCA et le slogan « un appétit d’oiseau » devient populaire pour la marque.
En 1941 fut créée la société Générale Française de construction Automobile (présidée par le baron Charles Petiet) regroupant dans un premier temps les marques Delahaye-Delage, Laffly, Unic, La Licorne, Latil, Saurer et Hotchkiss. Puis, en 1943, tandis que les quatre dernières firmes citées quittaient le groupement arrivèrent les sociétés Bernard et Simca. En adhérant à la GFA, ses dirigeants venaient de sauver Simca d’une probable future nationalisation. Cette association a été dissoute à l’aube des années cinquante.
A partir de l’entrée de Simca au sein de la GFA, le sigle de cette dernière, est ajouté à l’écusson de la firme de Nanterre.
La période 1940-1944Par manque de personnel et de matières premières les activités sont réduites pendant cette période. En 1943, l’usine de Nanterre est mise à contribution par les Allemands pour fabriquer du matériel militaire pour son armée. Des patins pour chenilles de chars et différents éléments mécaniques pour les camions et véhicules militaires y sont fabriqués à cette époque par Simca. En conséquence, la production de la firme est quasiment stoppée à cette époque. Seules 141 voitures sont construites en 1943.
A la fin de la guerre, l’administration américaine utilisa l’usine de Nanterre pour reconstruire les moteurs Willys et Ford des voitures 4×4 de liaison connues sous le nom de » Jeep ». Cent moteurs étaient reconstruits par jour en janvier, cadence portée à 350 dès le mois d’avril 1945.
Lorsque cette activité prit fin, plus de 25 000 moteurs avaient été reconstruits à Nanterre.
Pour cette participation à l’effort de guerre américain, le Major Général Sayler, chef du service des productions de guerre de l’armée américaine, félicita Simca et remit à H.T. Pigozzi, la plus haute distinction attribuée à une firme : le fanion « A ».
1946, reprise des activités
La production automobile de Nanterre, redémarra ainsi courant 1946 avec les gammes Simca Cinq et Simca 8 de 1939/1940 quasiment inchangées. 11 900 unités furent fabriquées pendant l’année 1946.
Pendant ces années de reconstruction du pays, la primauté absolue était donnée aux véhicules utilitaires. A côté des Simca 8, berline coupé et cabriolet, on vit donc apparaître des « châssis-cabine » carrossés à la demande. Beaucoup d’entre eux recevaient des carrosseries genre break.
1947 - Lancement de la Simca Six. Ce modèle est directement dérivé du modèle Simca cinq :
- L’ avant est « américanisé » forme ponton avec une calandre élargie et plus basse, et des phares intégrés dans des ailes.
- L’ arrière est légèrement allongé et comporte un petit coffre uniquement accessible de l’intérieur et presque entièrement occupé par la roue de secours.
- Le moteur conserve la cylindrée de 570 cm³ avec une puissance qui passe de 12 à 16,5 chevaux.
- Deux versions de carrosserie : coupé biplace découvrable, ou fourgonnette capable de transporter 250 kg.
1951-1954 – Les temps modernes de NanterreAu cours de l’année 1950, l’usine Simca de Nanterre, changea à la fois de visage et de dimensions. L’usine s’agrandit de 24 000 m² et l’aide économique apportée par le Plan Marshall permit un renouveau quasi total des moyens de production.
Le 31 mai 1951 fut lancée la première Simca intégralement pensée et conçue à Nanterre : la Simca 9 bientôt appelée Aronde (hirondelle). Cette voiture 7 CV remplaçait la Simca 8, avec une carrosserie ponton très moderne inspirée des dernières réalisations américaines. L’année 1952 fut consacrée à la montée en cadence, qui atteignit rapidement les 300 véhicules par jour. Très satisfait, le conseil d’administration nomma H.T. Pigozzi vice-président directeur général lors de l’assemblée générale du 19 juin 1952.
La Simca Aronde fut l’un des plus grands succès en France des années 50. Cette voiture fut produite à 1,5 millions d’exemplaires de 1951 à 1963. Elle fut restylée plusieurs fois, en 1955 et en 1958 (P60), et proposée en de nombreuses versions : Étoile, Élysée, Grand Large, Montlhéry, Monaco, Océane, Plein Ciel, Ranch, Châtelaine, Messagère, Intendante.
SIMCA absorbe FordC’est par cette phrase stupéfiante qu’au journal télévisé du dimanche 4 juillet 1954 fut annoncé la nouvelle de la fusion de Simca et Ford SAF. Ford Motor Company devenait propriétaire de 15% du capital social de Simca et Francis C. Reith entra dans son conseil d’administration.
Cette acquisition fut le point de départ d’une expansion de l’usine d’une part et de la ville de Poissy d’autre part devenue « Simcaville ». L’augmentation des effectifs nécessita la construction des cités logement de Poissy Beauregard et Vernouillet.
1955Le chantier du grand Poissy s’ouvre en novembre. De 91 000 m² la surface des ateliers passe à 180 000 m² par la construction du B2 pour la mécanique, l’extension du B3 pour le montage et la construction du B5 pour les presses. Ce sera aussi la construction d’autres annexes comme la galvanoplastie Les inondations de février 1955 ont cruellement rappelé la proximité de la Seine (on circulait en barque dans l’usine). Le niveau général des terrains est relevé de 1,6 m entraînant le mouvement de volumes énormes de terre prélevés en particulier dans le lit de la Seine . Dans cette construction du grand Poissy, il ne faut pas oublier le château d’eau, haut de 75 m, qui va porter fièrement, sur fond jaune, le monogramme SIMCA.
1957
Arrivée des premières machines puis fabrication des premiers emboutis au B5. Le premier modèle du Grand Poissy sera l’Ariane, modèle hybride à carrosserie de Vedette et moteur d’Aronde.
1958
Au printemps le logo change d’hirondelle.
La formation juridique de Simca do Brasil fut prononcée le 5 mai 1958. Dans un premier temps Simca devait effectuer le montage de la Versailles et son dérivé le break Marly. La Versailles arrivant à extinction c’est la toute nouvelle Chambord qui sera assemblée à Sao Paulo.
La marque Talbot est rachetée par Simca, qui relance sans succès le coupé Talbot-Lago en l’équipant du moteur V8 de la Vedette.
Simca rachète la même année la compagnie de taxis parisienne G7. Les Renault viellisantes seront ainsi remplacées par des Ariane.
Après les congés c’est la fabrication des premières Arondes Pisciacaises au moment d’une annonce importante. L’accord Simca-Chrysler…
Accord Simca-ChryslerAu sein de la communauté économique en train de naître en Europe, les deux autres grands constructeurs, Général Motors et Ford, possédaient déjà une très forte implantation. Il était logique pour Chrysler de rechercher un partenaire européen susceptible de l’introduire dans la Communauté. Selon un programme mûri de longue date des contacts eurent lieu en Grande-Bretagne et en Allemagne.. Mais les hauts dirigeants de la Chrysler Corp. ne manquèrent pas d’être impressionnés par la rapidité et l’ampleur de la croissance de Simca. L’absorption de Ford S.A.F., suivie de l’extension ultra rapide du centre de production de Poissy, étaient des éléments aptes à retenir l’intérêt du 3éme « Grand Américain ». En 1957, Chrysler Corporation s’engage activement dans une politique d’investissements en Europe et cherche à s’associer avec des constructeurs disposant déjà sur place d’importantes capacités de production. En France des pourparlers sont engagés avec Simca qui cherche, de son côté, à exporter aux Etats-Unis. C’est dans un climat propice à un rapprochement que se négocia le premier accord Chrysler Simca étudié au cours des contacts entre les présidents L.L. Colbert et H.T. Pigozzi entourés de leurs états majors respectifs.
L’annonce parvint à Simca en août 1958. La Chrysler Corporation se rendait acquéreur des 15% du capital social détenus par la Ford Motor C° depuis 1954 en rétribution de l’apport fait à Simca en cédant sa filiale Ford S.A.F. Cette part va être portée à 25%, dès la fin de cette même année. Dans le cadre de cet accord, d’autres clauses harmonisaient l’action mondiale des deux groupes :
- Chrysler allait assurer la distribution des voitures Simca aux Etats-Unis, sur une base de 60 000 unités par an.
- A Genève était créée la Chrysler Internationale S.A. (C.S.A.) chargée d’harmoniser l’action extérieure de la Corporation, et qui conclut avec Simca un accord définissant le partage des responsabilités.
- L’accord prévoyait aussi la bivalence des usines de montage qui assembleraient simultanément des produits Chrysler et Simca. Ceci concernait des usines fonctionnant aux Pays-Bas, en Irlande, en Afrique du Sud, en Australie, au Venezuela et au Mexique
- Enfin une liaison technique permanente s’établirait entre Poissy et Détroit. Des ingénieurs de haut niveau ayant été immédiatement délégués au titre de conseillers. Cette coopération allait s’avérer franche et fructueuse.
L’annonce de cette nouvelle d’importance capitale pour l’avenir de la Société compléta l’ambiance euphorique des manifestations « Simca » marquant le salon de l’automobile 1958 et la fin de l’année. La grande réunion annuelle des concessionnaires connut un éclat tout particulier : elle précédait de quelques jours seulement une autre grande manifestation : l’inauguration officielle, le 17 octobre 1958, avec beaucoup d’éclat de l’usine de Poissy par H.T. Pigozzi. C’est la naissance du « Grand Poissy ».
1961
Fermeture de l’usine de Nanterre , l’usine libérée, devint la propriété d’une nouvelle société dénommée la « SOMENA » (SOciété MEcanique de NAnterre). Filiale commune de Simca Industries et de la Sté anonyme André Citroën.
Présentation au salon de Paris d’octobre de la Simca 1000.
1963
En février, la Chrysler Corporation devint l’actionnaire majoritaire en portant sa participation à 63%, en lieu et place des 25% détenus depuis fin 1958. Prenant ainsi le contrôle de Simca le troisième Grand des Etats-Unis devenait le 3ème propriétaire de l’usine de Poissy. M. Georges Héreil, précédemment président de Sud-Aviation, est nommé le 30 mai à la présidence du conseil d’administration de Simca en remplacement de H.T. Pigozzi.
H.T. Pigozzi présente au Salon de Genève les toutes nouvelles 1300/1500 à ligne horizon.
Mise en fabrication des 1300 puis des 1500, avec, pour trouver de la place dans l’usine l’arrêt de la fabrication des Ariane.
1964 Le 1er novembre 1964, décès de M. H.T. Pigozzi.
Lancement des travaux de l’usine de La Rochelle.
1965 Création en décembre de la société des automobiles Simca, par fusion de Simca automobiles et Simca Industries.
1967
Lancement de la 1100. Ce modèle est une révolution dans la gamme. Première traction avant à moteur transversal, elle offre une carrosserie polyvalente à 5 portes et des moteurs pleins de vie. Elle servira de base technique aux futurs modèles de la gamme : 1307/1308 puis Horizon.
Au salon d’octobre les modèles 1300/1500 sont remplacés par les 1301/1501 modernisées.
1969
Simca-Chrysler est à saturation. Les ateliers tournent à plein régime. La maintenance est limitée. Chrysler privilégie les seuls investissements capacitaires. Ce sera l’époque de construction de Valenciennes Hordain et du Centre Technique de Carrières sous Poissy. La création d’un anneau de vitesse au centre d’essais de Mortefontaine pour la mise au point des projets. A l’automne intervient, l’engagement de pourparlers pour la signature d’un accord important avec Matra Automobiles. Le contrat définitif fut signé fin 1971.
1970
Chrysler porte sa participation à 99,3% et lui donne son nom en juillet. Simca devient une marque du Groupe Chrysler
La suite de l’histoire se retrouve sous ce nouveau nom Chrysler France.
Lancement des berlines 160 et 180 avec le seul monogramme Chrysler