Simpélourd est la forme locale du français "simple et lourd". Il représente un mari trompé, connu de tous dans le quartier de la place Verte, dont l'histoire remonte à plus d'un siècle. Mais dans le passé, il a aussi caricaturé un politicien déconfit ou toute personne dont une aventure amenait les moqueries.
Celui que les sonégiens appelle aussi Mononk (mon oncle) apparaît à Soignies le soir précédent le troisième dimanche d'octobre. C'est à ce moment une personne bien réelle qui l'incarne et que l'on fait monter dans une voiture décapotable des années 30. Tandis qu'il salue la foule et lance des "carabibis", son chauffeur le conduit à travers la ville. Au cours du trajet, des fanfares et groupes folkloriques l'accompagnent. Arrivé sur la place Verte, Simpélourd salue à nouveau la foule de la fenêtre de l'étage d'une maison. Ensuite, il est remplacé par un mannequin, hissé à la fenêtre, qui y restera jusqu'au mardi, date à laquelle l'effigie sera brûlée en autodafé.
Lors du week-end de la Simpélourd, c'est la kermesse sur les places Verte et Van Zeelandt. Les petits et les grands s'y retrouvent après le cortège ainsi que dans les cafés et tavernes pour terminer la soirée.
La fête du mari trompé
Dans chaque grande cité ou presque, il est des coutumes qui depuis des générations rassemblent les foules. A Soignies, depuis plus de 2 siècles, c'est le plus ancien bourgeois de la ville que l'on fête le 3ème dimanche d'octobre.
Les origines de Simpélourd ne sont pas à rechercher dans un quelconque dictionnaire. Rien à voir avec un quelconque « Saint Pélourd » de touriste mal informé. Simpélourd n'a, en effet, rien d'un personnage vertueux digne des plus grands hommages. Celui dont on célèbre la simplicité et la lourdeur n'est en fait que la victime d'un vaste canular qui tend à démentir la morosité et la froideur du peuple de « Sougnies ». Ainsi la légende veut qu'un dimanche matin d'octobre 1754, Soignies fut secouée par un immense éclat de rire. Dans la nuit, sous la conduite d'Adrien Hiernaux, quelques gais lurons avaient pendu aux fenêtres de plusieurs habitations un mannequin évoquant les fredaines ou les malheurs des habitants qui avaient défrayé la chronique au cours de l'année. Cette plaisanterie amusa la foule plusieurs heures durant. Pendant quelques années, « la nuit des mannequins », fut ainsi reconduite. On en améliora même le principe en y ajoutant le jeudi suivant la fusillade des mannequins, histoire de passer l'éponge sur les mésaventures des victimes. Cette « couyonade » fut interrompue par le décès de l'instigateur mais reprit son souffle en 1762, la seule différence étant dans l'unicité du bouc émissaire. A l'honneur, un mari cocu décédé depuis quelques temps. En mémoire de ce « cornard », on pendit son effigie à la fenêtre d'une habitation proche de son lieu de résidence. Le mythe de Simpélourd était né avec lui « El Ducace » . Cela fait donc 200 ans que Simpélourd revit annuellement à Soignies. Mais aujourd'hui cet homme n'est plus objet de moqueries ; il inspire au contraire compassion et sympathie, des qualités que l'on retrouve au travers de son appellation amicale « Mononk ».
Mais qui est Simpélourd ?
Plusieurs versions existent quant au personnage de Mononk Simpélourd. Selon l'historien Jules Sottiaux, il s'agirait d'un « brave savetier malmené par sa femme et qui aurait trouvé refuge dans l'alcool. Un jour qu'il était saoûl « comme la Pologne », il battit tant et tant sa femme que les voisins durent s'interposer en le traitant tantôt de Simple, tantôt de Lourd. La justice locale lui infligea alors la lourde peine d'être exposé 2 jours durant à l'une des «bowètes» de la place. Théophile Lejeune, un autre historien, raconte quant à lui qu'un « Sonégien, abandonné par sa femme, voulut se venger de ses amis moqueurs. Il les invita à dîner mais remplaça le plat de jambon par un «appétissant morceau de bois peint. Pour le punir de cette stupide plaisanterie, ils promenèrent l'effigie du farceur à travers toute la ville. Selon toute vraisemblance, le cortège actuel trouverait là ses origines. Une 3ème version relate l'histoire d'un homme qui aurait tenu le pari de rester debout sans bouger durant 3 longues heures à la fenêtre de l'étage du cabaret de la Sotte Nowé en tenant un morceau de tarte à la main. Ayant gagné son pari, il fut traité de Simple et Lourd. Si cette version compte moins d'adeptes que les précédentes, elle explique tout de même la raison pourquoi le mannequin Simpélourd tient en main un morceau de tarte.
La satyre bourgeoise devenue kermesse.
C'est la veille du 3ème dimanche d'octobre que débutent les festivités. A 18h, un Sonégien grimé et habillé en Simpélourd sort de la gare de Soignies, une valise à la main, comme s'il revenait de voyage et est accueilli par la foule composée de riverains, d'autorités locales et du comité des fêtes. Il grimpe alors dans sa décapotable et distribue des pognées de carabibis, ces succulentes babelutes sonégiennes. Des fanfares, des gilles, des grenadiers de la Garde Impériale de Soignies et d'autres groupes folkloriques ainsi que les géants Dudule et Joséphine accompagnés de leur fille Charlotte, escortent Simpélourd à travers la ville pour le mener ensuite au cabaret de la Sotte Nowé. Là, il apparaît à la fenêtre de l'étage, salue la foule et déguste le fameux quartier de tarte à prones. Profitant alors de l'inattention des badauds, Simpélourd se retire et est remplacé par un mannequin qui restera exposé les 3 jours suivants, jusqu'à ce qu'il soit brûlé le mardi soir. Lors de cette ultime cérémonie, plus intime, le mannequin est décroché de sa fenêtre et replacé par un second plus rudimentaire, construit sue une manche de brosse. On le conduit à la potence où il est pendouillé, imbibé d'essence et enfin brûlé. C'est à ce moment que la foule peut entonner la célèbre chanson: "Simpélourd est deskindu avu l'rue du Moulin à s'ku eyé tout l'aristocratie du Faubourg é du Pachy" avec pour leitmotiv, une ritournelle cent fois répétée: "Viv Sougni. Viv Sougni. Simpélourd est as guerni".
Source: Viva Cité n°3 juillet 1997 par Stéphanie Hotton.
Le Carabibi
La pâte, à base de sucre, est lancée sur un crochet et étirée vers soi à maintes reprises jusqu'à ce qu'elle devienne plus claire. Puis, de longs boudins sont roulés. Ce travail laborieux se fait à la main et tant que la pâte est très chaude, sinon elle durcit. Aussitôt, les carabibis sont coupés aux ciseaux avant d'être emballés dans un papier spécial qui les empêche de fondre.
Statue de SIMPELOURD
arrivée des participants
et voilà, le cortège peut commencer !
différents groupes défilent