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Tous les avionneurs et ingénieurs
Henri FABRE
Henri Fabre est né le 29 novembre 1882 à Marseille où il vécut toute son enfance et sa vie d’étudiant. Diplômé ingénieur en construction navale Fabre était un passionné des choses de l’air. Il décida donc rapidement de conjuguer sa passion avec son métier, et eut l’idée de construire un aéronef capable d’opérer à partir de l’eau.
A cette époque presque tous les aviateurs s’essayèrent aux hydravions, mais c’est bel et bien
Fabre qui réalisa le premier véritable appareil de ce type. Désigné Canard celui ci était un étonnant monoplan à ailes médianes, sans véritable fuselage puisque le pilote, Fabre lui-même, prenait place sur une grosse poutrelle en bois, véritablement à cheval sur la structure. Mais le génie du Canard résidait dans ses quatre flotteurs de forme cylindrique. Pesant à peine 475kg le Canard était propulsé par un moteur Gnome d’une puissance de 50 chevaux entrainant une hélice propulsive.
Fabre fit déjauger son Canard pour la première fois depuis l’étang de Berre, à quelques kilomètres de Marseille, le 28 mars 1910. Fabre vient d’entrer dans l’Histoire.
Par la suite il travailla à améliorer son système et fit équipe avec l’ingénieur Tellier afin de développer les premiers hydravions à coque dès 1913. Toutefois des désaccords d’ordre politique entre les deux hommes mit fin à l’alliance quelques jours seulement avant le déclenchement de la Première Guerre Mondiale.
Durant cette dernière
Fabre fut ingénieur pour le compte de la Marine Nationale et travailla aux côtés de constructeurs comme
Breguet,
Caudron,
Curtiss, ou encore
Voisin. Aux côtés de Glenn Curtiss, il participa à la mise au point des premiers hydravions américains.
Henri Fabre continua les vols d’essais jusqu’en 1923, époque à laquelle il cessa suite à un accident léger qui lui fit passer le goût pour l’aventure aérienne.
Après cela
Henri Fabre se consacra à sa famille et à son entreprise de construction de bateaux de plaisance. En 1945 De Gaulle lui proposa la direction des usines d’hydravions de la
SNCASO mais Fabre refusa. Il mourut le 28 juin 1984 à 101 ans et fut enterré dans l’Isère. Loin de la mer et des hydravions qu’il avait pourtant inventés.
Aujourd’hui le Canard de
Fabre est l’une des pièces maîtresses des collections permanentes du
Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget.
Anthony FOKKER
Né dans une riche famille de planteurs de Kediri, à Java,
Anthony FOKKER s’enthousiasme pour l’aviation vers 1910, année où il apprend à piloter avant de concevoir son premier monoplan et de monter une usine à Schwerin, en Allemagne, en 1912.
La guerre fait sa fortune. Volontaire et ambitieux, il devient très lié avec la bureaucratie allemande.
Fokker est d’abord un pilote avant d’être un constructeur. Il est au mieux avec les meilleurs des as allemands qui influencent souvent les décisions relatives aux approvisionnements en appareils. Les appareils du type Eindecker E.111, les Fokker D.VII et Dr.I sont commandés à des milliers d’exemplaires.
Fokker, qui a une approche de pilote et du talent pour organiser la production, n’est pas un grand créatif. Les structures caractéristiques de Fokker en tube d’acier soudé sont, en réalité, imaginées par son ingénieur en chef Reinhold Platz.
Après la fin de la guerre,
Fokker se réfugie aux Pays-Bas (alors pays neutre) en emportant cellules, moteurs et équipements. Entre les deux guerres, il produit de nombreux appareils civils et militaires, et fonde la Fokker Aircraft Corporation aux États-Unis au début des années 1920.
Wilbur et Orville WRIGHT
Les deux frères américains Wright, précurseurs de l’aviation inventèrent et firent voler le premier avion opérationnel. Les
Wright admiraient les ouvrages et les exploits de l’ingénieur allemand du XIXe siècle Otto Lilienthal et de l’ingénieur américain Octave Chanute, qui faisaient des expériences avec des planeurs et sur le vol en général. En septembre 1900, sur les collines de Kill Devil, près de Kitty Hawk, en Caroline-du-Nord, ils testèrent leur premier planeur. Enregistrant avec soin leurs résultats, ils en conclurent que les données aéronautiques précédemment acceptées et sur lesquelles ils s’étaient appuyés étaient incorrectes. En 1901, les frères testèrent les effets de la pression de l’air sur plus de deux cents surfaces d’ailes. En 1902, après près de mille vols réalisés avec un nouveau planeur, ils confirmèrent les données obtenues à Kitty Hawk.
En 1903, les frères construisirent leur première hélice sur base de calculs originaux. Elle se révéla plus efficace que toutes les autres hélices disponibles à l’époque. Ensuite, ils construisirent une machine, dénommé
Flyer I, pesant 337 kg avec un moteur de 12 CV dans laquelle, le 17 décembre 1903, à Kitty Hawk,
Orville fit le premier vol de l’histoire en avion propulsé.
Le 5 octobre 1905, le
Flyer III, premier avion fonctionnel du monde et piloté par
Wilbur, vola sur 39 km en 38 minutes. Cet aéroplane de 12 m d’envergure pouvait monter, descendre, s’incliner sur une aile, tourner et même décrire un huit avec aisance. En 1908, Wilbur Wright établit en France de nouveaux records de distance (124 km à 53 km/h) et d’altitude de vol (110 m).
Cette même année, les frères Wright remplirent un contrat avec le Corps des transmissions de l’armée des États-Unis pour la fabrication d’un avion pouvant voler pendant 10 minutes à une vitesse de 64 km/h. Ils visitèrent ensuite l’Europe, où ils reçurent de nombreuses distinctions honorifiques, puis de même à leur retour aux États-Unis en 1909. Wilbur devint président de l’American Wright Company, récemment devenue une société à responsabilité limitée. Il mourut à Dayton trois années plus tard, le 30 mai 1912, de la fièvre typhoïde.
John J. MONTGOMERY
Si pour beaucoup les deux noms associés au tout début de l’aviation, avant le moteur à explosion, sont ceux du Français Jean-Marie Le Bris et du Franco-Américain Octave Chanute peu connaissent en revanche celui de
John J. Montgomery, un Américain qui fut le premier aviateur à réaliser un véritable vol contrôlé sur planeur. Ses nombreux travaux d’ingénieur en ont aussi fait un des pères de l’aviation.
Brillant élève, ayant grandi dans une famille bourgeoise de Californie, le jeune
John Joseph Montgomery s’oriente très jeune vers les sciences et notamment les sciences appliquées. Diplômé de physique à l’âge de 23 ans, il s’intéresse rapidement aux choses de l’air en raison de ses deux passions : l’ornithologie et les romans de Jules Vernes.
Dès l’âge de 25 ans, il commence à étudier les vols planés réalisés en France par Jean-Marie Le Bris et notamment il a l’idée de concevoir un planeur disposant d’un aile haute droite alors que la majorité sont alors réalisés avec des ailes basses ressemblant à des ailes d’oiseau. Il construit trois planeurs de ce type et les essaye tous. En fait personne aux États-Unis ne semblent croire en ses théories.
C’est à la même époque que
John J. Montgomery envisage de lancer ses planeurs depuis des collines grâce à un ingénieux système de rails et de roues de bicyclettes. A la différence de ses contemporains il ne croit pas que l’avenir soit dans les planeurs tirés par des chevaux. En 1893, à l’âge de 35 ans, il est un des premiers à avoir l’idée de tester ses planeurs dans des tunnels ventilés bien au-delà de la nécessité. Sans le savoir il vient d’inventer le concept de la soufflerie aéronautique.
En 1902, à l’âge de 44 ans, tout juste auréolé d’un doctorat de physique appliqué, il se lance dans la conception d’un planeur biplan à aile en tandem. C’est avec celui-ci, que depuis un terrain aménagé à Aptos dans le centre de la Californie, il entre pleinement dans l’histoire de l’aviation le 20 mai 1905 en réalisant le premier vol totalement contrôlé d’un planeur. Durant treize minutes
John J. Montgomery enchaîne quatre tours en forme de huit pour une distance supérieure à deux miles.
Ses travaux sont suivis de près notamment par les frères Wright qui s’intéressent beaucoup aux idées de cet universitaire brillant. Après ce vol historique
Montgomery reprend ses travaux d’ingénierie, perfectionne l’aérodynamisme de ses planeurs jusqu’à présenter le 1er octobre 1911 son plus célèbre engin : l’Evergreen, du nom du comté californien où il a établi son atelier. Chaque jour il réalise deux vols de son planeur, perfectionne les techniques de virage sur l’aile, monte au-delà de 500 pieds, renforce l’atterrissage. Le 15 octobre 1911 il dessine même une version de l’Evergreen doté d’un moteur de 12 chevaux.
Malheureusement
John J. Montgomery se tue le 31 octobre 1911 aux commandes de son planeur Evergreen, en raison d’un décrochage incontrôlé. Il avait 53 ans.
Nettement moins connu que bons nombres de ses contemporains
John J. Montgomery n’en fut pas moins un des pères du vol contrôlé. Aujourd’hui une dizaine d’écoles et lycées américains portent son nom ainsi qu’un aéroport régional près de San Diego en Californie. C’est d’ailleurs dans le musée aéronautique de cette ville, le très célèbre S
an Diego Air & Space Museum qu’une réplique de l’Evergreen est exposée. Une autre se trouve à la
Smithsonian Institut de Washington-DC.
Louis BLERIOT
L. Blériot est né à Cambrai, dans le Nord, en 1872. Après de solides études d’ingénieur, à l’école Centrale des Arts et Manufactures. Il deviendra ingénieur dans l’automobile et fait fortune dans les phares d’automobiles à acétylène avant de commencer ses expérimentations aéronautiques avec la complicité des frères Voisins « .
En 1900,
L. Blériot décide d’étudier et d’apprendre toutes les théories. Il tira ces propres conclusions et décida de construire ces modèles sur ses propres hypothèses. En 1906, il crée sa propre équipe et produits divers appareils, qu’il essaiera lui-même au prix de nombreux accidents. Avec l’aide du jeune ingénieur Raymond Saulnier, il réalise le monoplace Blériot XI.
Sur cet appareil, le 25 juillet 1909,
Blériot décolla près de Calais, à 4 heures du matin, pour la traversée de la Manche. Il rejoignit Douvres en Angleterre après 37 minutes de vol et environ 38 Km. Ce succès lui vaut de multiples commandes en provenance du monde entier ce qui assurera l’avenir de la firme. Blériot cesse de piloter lui-même à la fin de 1909 pour se consacrer à la société Blériot Aéronautique,
En 1914,
Louis Blériot racheta la Société des Appareils Déperdussin « SPAD « . De nombreux avions sortiront des usines Blériot SPAD. En juillet 1936 la santé de Louis Blériot s’altère et il mourut le 1er Août 1936 d’une crise cardiaque.
A noter que le premier brevet de pilote, délivré par l’Aéro-club de France en 1910, était donné à
Blériot, non pas pour ses exploits mais tout simplement il était le premier par ordre alphabétique.
Robert ESNAULT-PELTERIE
Né en 1881 dans une famille de grands industriels du textile,
Robert Esnault-Pelterie très jeune est passionné par toutes les techniques prenant leur essor en ce tournant du siècle. La deuxième révolution industrielle bat son plein avec l’électricité et ses conséquences, la chimie, les cycles, l’automobile et bien sûr la certitude que l’on allait bientôt vaincre la 3e dimension : le vol humain.
C’est le siècle des machines et des inventions. Des revues détaillent à longueur de colonnes les découvertes les plus diverses. Tout paraît possible même si la vie quotidienne des plus modestes est encore peu touchée, sauf par le réseau de voies ferrées qui révolutionne les communications.
Le jeune Robert, parallèlement à des études scientifiques qui avaient révélé ses talents pour les mathématiques (bien qu’ayant raté Centrale) se consacre à son laboratoire privé de physique et de chimie que son père lui a permis d’installer dans un appartement. Il fait des études d’agronomie mais ce sont les machines qui le passionnent, et la fortune paternelle lui permet de s’y consacrer bientôt à plein temps.
C’est un véritable chercheur. Il théorise, met en équations, élabore un modèle qu’il vérifie expérimentalement. C’est la méthode scientifique, celle de Claude Bernard, Pasteur…
Il a le niveau suffisant pour appréhender les théories les plus complexes comme celle de la Relativité. Ce n’est pas un « bricoleur de génie » comme tant d’autres pionniers de l’aviation. C’est un scientifique, mais qui expérimente lui-même.
Un grand pionnier de l’aviation : le premier monoplan
Depuis 1898 il calcule et dessine des « avions », terme employé par Ader. Les premiers pionniers ont défriché le terrain : planeurs (Lilienthal) moteur à vapeur (Ader) théorie du vol (Chanute). En 1903 les frères Wright volent mais cachent leur appareil.
Il calcule par diverses expériences l’énergie nécessaire au décollage : char à voile puis grand cerf-volant qui le fait décoller accidentellement. Et il découvre que ce qui manque le plus aux planeurs de l’époque, c’est un moteur suffisamment léger et puissant.
Esnault-Pelterie prend un brevet pour une turbine à explosion à propulsion intermittente, préludant à ce qui s’appellera un pulso-réacteur. Il reviendra d’ailleurs plusieurs fois sur ces recherches et rencontrera l’ingénieur Rateau, inventeur du turbocompresseur. Mais toutes les recherches de ce genre butent sur la résistance des matériaux.
Il se tourne vers les moteurs à explosions, bien connus dans l’automobile (d’ailleurs il dépose plusieurs brevets dans ce domaine) et pour les alléger il invente le moteur en étoile. Celui-ci n’a pas de carter ni de système de refroidissement liquide. Mais le problème de lubrification des cylindres du bas lui font mettre ses cylindres en haut, en une puis deux rangées.
Les exploits des frères Wright commencent à être connus et il veut vérifier leurs résultats. Cependant il ignore beaucoup de choses. Il en déduit que c’est leur science du vol plus que leurs innovations qui les distingue. Ne sachant pas ce qui les fait tourner (gauchissement des ailes) il invente … les ailerons.
Il suit une autre voie : il étudie et construit un monoplan, ce qui est rare à l’époque. Il l’achève en 1907. Une toile caoutchoutée est tendue sur une armature bois-acier-aluminium. Tout y est original : train monotrace avec roues de stabilisation en bout d’ailes, 2 leviers de commandes pour l’assiette et la direction. Le pilote est bien assis dans un baquet entre les ailes. Il ressemble vraiment à un avion, pas à une de ces nombreuses « cages à poules » où le pilote est en équilibre sur de frêles échafaudages.
Le REP 1 de 1907 au musée des Arts et Métiers Paris
Il essaie lui-même son aéroplane sur le terrain privé de Buc (qui deviendra l’aéroport de Toussus-le-Noble) le 19 octobre 1907. Les essais sont difficiles : à cette époque il faut apprendre à voler, à se servir de ces machines fragiles et capricieuses. Il vole peu car il théorise d’abord. Son avion est bien sûr instable, mais ils le sont tous à l’époque.
Un industriel de l’aviation
Il le perfectionne sans cesse, ajoute une dérive verticale au dessus de la queue, un amortisseur oléopneumatique, un moteur plus puissant de 70 ch., un nouveau centrage et surtout, ce qui restera comme la grande invention de
Robert Esnault-Pelterie, un levier vertical omnidirectionnel qui permet de piloter instinctivement. On n’a pas trouvé mieux en un siècle d’aviation : c’est le fameux « manche à balai » ou en anglais « joystick ». Il invente aussi la ceinture de sécurité élastique, qui lui sauve la vie en 1908.
Salon de la locomotion aérienne 1908
Au premier salon de l’aéronautique du Grand palais, encore couplé à l’Automobile, REP triomphe. Il reçoit la médaille d’or du prix des ingénieurs en 1908. Wilbur Wright vient le voir. Mais il ne restera pas dans l’Histoire comme un des plus grands noms des débuts de l’aviation car il se disperse : recherches sur l’Automobile (entre autres), perfectionnisme, manque de pratique car il ne vole plus après l’accident et doit former des pilotes. Théoricien imbu de sa supériorité et de l’antériorité de ses découvertes, il a peu de rapports avec les autres aviateurs.
Il ne fait aucune grande première. Ah s’il avait traversé la Manche ou la Méditerranée ! Mais Blériot, Latham, Roland Garros sont des risque-tout et se posent moins de questions. Si au moins Blériot avait gardé le moteur REP sur son Blériot XI ! Mais il change au dernier moment pour l’Anzani plus fiable. Et en plus, il manque de chance : au grand meeting de Champagne ses pilotes manquent d’expérience et… s’embourbent avec leur train monotrace dans la boue.
Il installe cependant une véritable usine à Boulogne sur Seine dans laquelle il fabrique moteurs et cellules.
Mais il en vend peu. Ce n’est pas un commerçant. Ses avions sont peu fiables car ils ne sont pas très au point et il les améliore sans cesse. Pas de normalisation comme chez Blériot.
Un constructeur qui ne parvient pas à s’imposer
Le REP type D en 1910 abandonne le train monotrace et est doté d’un nouveau moteur à 5 cylindres. Son pilote Bournique bat le record de l’heure (79km) avec passager et remporte la coupe Deperdussin (100 km en 1h16).
Carte photo aéroplane monoplan REP Robert Esnault-Pelterie salon aéronautique 1910
Cet avion est plus fiable et plus résistant que les autres aux intempéries. Au 3e salon de 1911
Robert Esnault-Pelterie expose trois avions et met au point un « hydro aéroplane ». Depuis le vol du premier hydravion de Fabre sur l’étang de Berre c’est la mode et tout le monde en fait. Ses participations aux concours aériens et aux expositions attirent l’attention, ainsi que son usine qui est visitée par de hautes personnalités. Mais il ne vend que très peu d’avions. Il a peu d’appuis politiques, rate le principal marché qui s’ouvre brusquement lorsque l’armée française prend conscience de l’utilité de l’aviation. Il faut dire qu’on est dans la préparation de la revanche et qu’il s’agit de ne pas se laisser dépasser par l’ennemi héréditaire !
Lorsque les appareils REP deviennent fiables, Blériot, Farman, Morane, le motoriste Gnome avec son moteur rotatif ont remporté l’essentiel des marchés. Il ne vend que quelques unités par an. Il faut dire que les monoplans REP sont plus de deux fois plus chers car mieux finis et produits sans standardisation.
La malchance le poursuit : deux de ses appareils militaires s’écrasent par décollement de la toile : un fournisseur négligent n’avait pas fourni la bonne colle ! Deux officiers tués ! Il tente de réagir en proposant à l’armée un appareil à aile haute comme le Morane parasol, pour améliorer la visibilité de l’observateur (l’armée n’envisage pour le moment que l’activité d’observation pour ses avions), et même un avion blindé. Mais là, il a une guerre d’avance !
Reste le marché à l’exportation. REP est connu par ses brillantes conférences et grâce à ses relations. Mais il ne sait pas exploiter les opportunités : il vend la licence de fabrication à Vickers en Angleterre au lieu de créer sur ce marché porteur une filiale comme Blériot. Vickers en tire vite des modèles à lui et devient un concurrent, avec l’avenir qu’on lui connait.
Robert Esnault-Pelterie voyage en Russie, brille par ses conférences, rencontre les grands de ce monde (roi d’Espagne, Grand duc de Russie) mais ne vend rien ou très peu. Il faut le début des crises balkaniques pour qu’il exporte quelques machines en Turquie et en Serbie.
En 1913, il a 32 ans. Il renonce à la création d’avions car il y a perdu une bonne partie de la fortune familiale. Ses productions n’ont jamais gagné d’argent. De toute façon, fils d’industriel, il n’a pas la « fibre ». C’est la recherche qui l’intéresse. Toute sa vie il déposera des brevets à un rythme incroyable, et pas seulement en aviation.
Un industriel de guerre
Les quelques REP vendus à l’armée constituent deux escadrilles, et comme c’est la règle en 1914 on appelle ces groupes du nom des constructeurs : REP 15 et 27. Peu pratiques pour l’observation, ils volent par tous les temps mais se consument vite dans le monstrueux conflit.
Escadrille REP 15 devant un REP KArchives Musée de l’Air d’après ouvrage de Felix Torres et Jacques Villain : Robert Esnault Pelterie
Millerand le ministre de la guerre normalise les achats de l’Etat : Farman, Caudron et Morane seulement. Cependant il confie à
Robert Esnault-Pelterie la construction d’une usine loin du front. Il la crée à Lyon et il y fabrique, non sans avoir l’impression de déchoir, des biplans Caproni (CEP 1 B2), des Voisin et des Sopwith. Cette usine fera travailler 1000 ouvriers en 1918.
Parallèlement il se consacre à l’organisation de la production de guerre à la tête de la Chambre Syndicale des Industries Aéronautiques. Mais après le conflit, il abandonne définitivement la construction d’avions.
C’est une nouvelle vie pour lui. Il regarde plus loin, plus haut. Vers l’espace !
Lire la seconde partie : Astronautique et Missiles
Donald DOUGLAS
Né à Brooklyn,
Donald DOUGLAS, d’origine écossaise, passe deux ans à l’École navale américaine avant de s’orienter vers des études d’ingénieur aéronautique au MIT, on il mène à bien, en deux années, un cycle qui dure habituellement quatre ans.
En 1915, à l’âge de 23 ans, il est engagé comme ingénieur en chef chez Martin et participe à la conception du bimoteur de bombardement MB-1. En 1920,
Douglas gagne la Californie, espérant y fonder sa propre société.
Il travaille dans un bureau situé dans l’arrière-boutique d’un coiffeur avant de recevoir, de la part d’un riche sportif, David Davis, une somme de 40 000 dollars pour construire un avion capable d’effectuer un vol transcontinental. L’appareil, le Cloudster, ne tentera jamais cet exploit, mais, grâce à lui, la Douglas Company est née.
Elle commence par produire des avions torpilleurs pour l’US Navy, et sa réputation est définitivement établie, lorsque, en 1924, elle construit les quatre Douglas World Cruiser engagés dans le premier tour du monde aérien. Quatre ans plus tard, cette société emploie les plus grands ingénieurs du pays. Au cours des années 1930, elle produit les meilleurs avions du monde, dont le DC-2 et le DC-3.
Donald Douglas demeurera à la tête de son entreprise de construction aéronautique jusqu’à un âge avancé. En 1967, des difficultés financières l’obligeront à vendre ses parts à McDonnell.
Claude (dit Claudius) DORNIER
Constructeur d’avions allemand et fondateur de Dornier GmbH,
Claudius Dornier laisse à la postérité plusieurs innovations qui ont marqué le monde de l’aviation.
Repéré par Zeppelin D’ascendance française par son père, Claude (dit Claudius) Honoré Désiré Dornier naît en 1884 à Kempten im Allgaü en Bavière. Son diplôme d’ingénieur mécanicien en poche, il est engagé par la
firme Zeppelin en 1910 et choisit la nationalité allemande. C’est dans ces usines qu’il travaille à la réalisation de grands dirigeables avant de donner naissance au premier avion entièrement métallique. Il se lance ensuite dans la
construction des premiers gros hydravions de transport.
De nombreux avions et un monstre des mersAprès la Première Guerre mondiale, l’industrie aéronautique étant interdite en Allemagne, Dornier construit avions et hydravions à l’étranger, notamment en Suisse. Ayant fondé en 1922 sa propre société, il réalise entre les deux guerres
150 types d’avions de toutes catégories : bombardier, chasseur, avion de reconnaissance. Mais il se distingue surtout par ces nombreux hydravions dont le géant Do-X, un appareil de 50 tonnes, 40 mètres de long, 12 moteurs, et embarquant jusqu’à 169 passagers.
Il est aussi reconnu dans l’histoire de l’aviation allemande pour sa conception unique de propulseurs. Ses hydravions se caractérisaient souvent par des propulseurs à hélices en configuration push-pull.
Une période trouble… Apolitique et ne s’intéressant qu’à l’aéronautique, Dornier entre pourtant en 1940 au parti nazi (NSDAP) et devient chef de l’économie de défense. Libéré de toute charge lors de la dénazification en 1948, il
reconstitue sa société et sort le Do-27, premier avion allemand d’après-guerre.
La diversification et l’honneur retrouvé Il se met à produire des machines textiles en Allemagne et à développer de nouvelles usines aéronautiques à Madrid. Un peu plus tard, il construira des avions sous licence et entreprend des programmes en coopération, en particulier avec Marcel Dassault.
Claude Dornier se retire des affaires en 1962 et meurt le 5 décembre 1969 à Zoug en Suisse.
Alexander LIPPISCH
Alexander Lippish marquera durablement l’histoire de l’aviation notamment pour ses travaux sur l’
aérodynamique et sa contribution à l’élaboration des
vols supersoniques.
La naissance d’une vocation C’est en 1894, à Munich qu’Alexander Martin Lippisch vint au monde. Fils d’artiste, il prévoyait cependant de suivre les traces de son père et d’intégrer l’école de l’art lorsque la première guerre mondiale éclata. Le premier conflit mondial lui donnera l’occasion de
voler en tant que cartographe aérien entre 1915 et 1918.
Cependant, dés l’âge de quinze ans son intérêt pour le domaine de l’aviation se manifeste alors qu’il assiste en 1909 à une démonstration de vol d’Orville Wright. Ce jour là, un ingénieur venait de naître. En effet, Orville Wright venait d’allumer en Lippisch une flamme qui restera vivace les 67 années qui vont suivre et faire de lui l’un des meilleures contributeur au développement de l’aérodynamique.
Après la première guerre mondiale, Lippisch travailla durant quelques temps pour
la société Zeppelin et c’est à ce moment qu’il s’est intéressé au principe de l’avion sans empennage ou aile volante. C’était le commencement d’un programme de recherche qui aboutit à une cinquantaine de
projets durant les années 20. Ces recherches lui valurent une réputation croissante durant les années 30. Grâce à cette dernière, Lippisch sera nommé directeur de
la société RRG (Rhön-Rossitten Gesellschaft), un groupe de recherche spécialisé dans les planeurs. En effet durant cette époque, la recherche sur les avions à moteur était interdite aux allemands par le traité de Versailles.
Du planeur à l’avion supersonique Les recherches de Lippisch permirent le développement d’une série de planeurs numérotée Storch I à Storch IX entre 1927 et 1933. Bien que ces derniers furent ignorés tant par le gouvernement que par les industriels privés, c’est cette série de planeurs qui va l’amener à
s’intéresser au développement des avions à ailes delta. Recherches qui donneront naissance à la série Delta (I à V), développée de 1931 à 1939.
Cependant, la crise économique des années 30, puis l’arrivée d’Hitler au pouvoir en Allemagne va profondément changer la donne. En effet, dés 1939, sur ordre du ministère de l’aviation, Lippisch et son équipe furent amenés à
travailler aux côtés de Messerschmitt dans l’élaboration de chasseurs à très grande vitesse. C’est ainsi que sera développé le Messerschmitt Me 163 Komet, un avion doté de moteur fusée descendant directement d’un projet de recherche (l’avion Ente) que Lippisch menait en parallèle au développement des séries de planeurs.
C’est à partir de 1943, que Lippisch va se concentrer sur les défis techniques posés par les vols à haute vitesse. Et ses travaux sur les ailes delta vont lui permettre de développer un avion supersonique, le
Lippisch P13. Cela dit, le projet restera au stade expérimental (DM-1) à cause de la guerre. Néanmoins ses travaux vont susciter l’intérêt des Etats-Unis.
Un nouveau départ pour les Etats-UnisEn 1945, l’Allemagne nazie s’effondre. De ce fait, bon nombre de savants allemands seront capturés par les alliés. Lippisch, va faire
partie des quelques 1600 ingénieurs et scientifiques capturés par les américains et y voit l’opportunité d’une nouvelle carrière, d’un nouveau départ. Ses travaux et ses connaissances matière de conception d’ailes d’avion, lui vaudra un droit d’entrée aux Etats-Unis et va collaborer avec
la société Convair qui va investir des sommes considérables dans le développement de bombardier d’un genre nouveau. Cette collaboration donnera naissance aux :
– XF-92, premier avion à aile delta supersonique dont le premier vol aura lieu en 1948,
– F-102 Delta Dagger qui servira jusqu’en 1976,
– F-106 Delta Dart qui restera en service jusqu’en 1988.
Naturalisé américain en 1956, Alexander Lippisch mourra en 1976, à l’âge de 82 ans en Iowa. Aujourd’hui encore, le nom de Lippisch demeure un nom respecté dans le domaine de l’aviation.
Henry POTEZ
Henry Potez est l’un de ces
pionniers de l’industrie aéronautique qui allie des qualités de technicien hors normes avec celles d’administrateur averti. Après avoir créé « l’Hélice-Éclair », dont les modèles équipèrent ne nombreux avions de la guerre 1914-1918, Henry Potez fonde avec son père, en 1919, la société des avions Henry-Potez.
Il est le fils de Charles Potez-Leduc, minotier, maire de Méaulte et conseiller général d’Albert de 1895 à 1903. Après des études primaires dans sa commune natale, il poursuit sa formation à l’école professionnelle d’Albert. Passionné d’aviation, il entre à l’école Duvignau, puis à l’
École nationale supérieure de l’Aéronautique, dont il sort promu en 1911, en compagnie de Marcel Dassault.
L’industrie et la Grande Guerre Pendant la Grande Guerre, Henry Potez crée la société «
L’Hélice-Éclair » et devient l’un des plus grands producteurs d’hélices de l’époque, avant de fonder en 1919 les aéroplanes “Henry Potez” qui fabriquent de nombreux avions et hydravions.
D’abord installée à Suresnes, puis à Levallois-Perret, l’entreprise s’établit à Méaulte près d’Albert grâce aux fonds des dommages de guerre, sur une superficie de 25000 m2.
Le grand
succès vient avec le Potez 25 conçu sur des bases entièrement nouvelles : ailes simplifiée, train d’atterrissage à jambes télescopiques, possibilité d’utiliser tous les moteurs 400 et 550 CV. Construit à plus de 4000 exemplaires en 87 versions, il est utilisé dans de nombreux pays, sa carrière ne prend fin qu’en 1943.
L’entre-deux-guerresL’activité des aéroplanes Henry Potez se poursuit florissante :
– le SEA IV, issus des surplus de la Première Guerre mondiale, devient le Potez IV.
– la version berline, le Potez VII, est l’un des premiers avions de ligne.
– le petit Potez VIII est construit en plusieurs versions.
– En 1921, le Potez XV est commandé par l’Aéronautique militaire, c’est un descendant direct du SEA IV.
La société va construire
entre les deux guerres une série de petits avions de transport de passagers ainsi que des biplans de reconnaissance dont certains sont construits sous licence en Pologne.
Cette usine qui occupe plusieurs milliers d’ouvriers conçoit quarante-huit types d’avions nouveaux, dont la moitié est construite en série: plusieurs appareils connaissent le succès, les Potez 25, 39, 54, 62, 63.
En 20 ans, 7 000 appareils sont sortis de ses chaînes de fabrication.
Potez rachète l’entreprise d’Alessandro Anzani en 1923, usine qui fabrique les moteurs équipant les avions des Frères Caudron. En 1933 la société rachète le fabricant d’hydravions CAMS.
Avions de records et de tourismePour la vitesse, Louis Coroller conçoit le Potez 53 avec lequel Georges Detré remporte
la Coupe Deutsch de la Meurthe en 1933 avec 322,8 km/h. Le Potez 506 bat le record du monde d’altitude en 1933 avec 13 661 mètres aux mains du pilote Georges Lemoine.
Les
avions de tourisme Potez obtiennent un grand succès : Potez 36, Potez 43, Potez 58 et Potez 60. Ce sont les premiers avions de tourisme modernes de grande série.
La Seconde Guerre mondialeEn 1936, l’industrie aéronautique française est nationalisée. Les usines Potez de Sartrouville et Méaulte sont
reprises par la SNCAN (Société Nationale de Construction Aéronautique du Nord) et Henry Potez est mis à sa tête. Au moment de la déclaration de guerre, l’usine de Méaulte fournit un millier de Potez 63 à l’armée française.
L’Armée ayant un besoin urgent d’
avion de reconnaissance performant, Potez propose le type 63-11 qui équipe la plupart des unités de reconnaissance en 1940. Louis Coroller, son second d’alors, créé le Potez 670/671 à ailes elliptiques dont les prototypes sont abandonnés en 1940 suite à l’offensive allemande.
La fin de l’industrie Potez Après la Seconde Guerre mondiale, la société Potez renaît à Argenteuil sous l’appellation
Société des Avions et Moteurs Henry Potez mais elle ne joue plus le rôle majeur qu’elle avait avant la nationalisation. Dans les années 50, Potez proposera le P-75, un avion militaire d’appui tactique qui sera un échec cuisant.
En 1958, la société achète Fouga et devient
Potez Air-Fouga, mais la dernière réalisation, le Potez 840, un avion civil court courrier à 4 turbopropulseurs, ne trouve pas d’acheteurs et le contraint à la fermeture.
À l’issue d’un vol de démonstration effectué à l’intention de journalistes le 12 mars 1963, Henry Potez lui-même annonce le lancement de la fabrication en série de douze appareils. Il était prévu de produire le Potez 840 dans une usine située à Baldonnel, en Irlande, mais l’usine ferma malheureusement ses portes en 1968 sans qu’aucun exemplaire ne sortît des chaînes. Les derniers actifs sont
rachetés par Sud-Aviation en 1967.
Il demeure toutefois l’usine
Potez Aéronautique, à Aire-sur-l’Adour dans le département des Landes, spécialisé dans la fabrication de pièces primaires et l’assemblage de sous-ensembles pour le civil (80%) et le militaire (20%).
L’homme politiqueParallèlement à ses activités professionnelles, Henry Potez entame une
carrière politique d’élu local. Maire de Méaulte de 1928 à 1940, il succède en novembre 1930 à Émile Leturcq au poste de conseiller général du canton d’Albert sous l’étiquette radicale socialiste. Il conserve ce mandat jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, puis de 1949 à 1961. Il sera également maire d’Albert de 1947 à 1959.
Marcel DASSAULT
M. DASSAULT est, entre autres, le constructeur des avions de combat Ouragan, Mystèreet Mirage. Né
Marcel Bloch, il est l’un des premiers diplômés de l’École supérieure d’aéronautique.
Lors de la Première Guerre mondiale, avec Henry Potez, il met au point une hélice pour le chasseur SPAD 7 et fonde une firme de constructions aéronautiques, la SEA, qui ne survit pas à la guerre.
Marcel Bloch se tourne vers la fabrication de meubles avant de revenir à l’aviation en 1930 et de produire des appareils métalliques civils et militaires.
Après la défaite de la France en 1940, il refuse de travailler pour les Allemands, est arrêté par la Gestapo et déporté à Buchenwald. Ayant beaucoup souffert de l’antisémitisme, il décide, à son retour de déportation, de changer de nom et de religion, et de commencer une nouvelle vie. Il devient catholique et prend le nom de
Dassault, nom de code de son frère dans la résistance.
Il crée un empire industriel centré sur l’aviation et l’électronique. Les avions à réaction qu’il produit placent la France à l’avant-garde du développement de l’aviation militaire. Il meurt peu de temps après le premier vol de l’avion de combat Rafale.
Andreï TUPOLEV
Ingénieur en aéronautique et officier de l’armée russe,
Andreï Tupolev révolutionne la conception et la construction des avions russes.
Portrait d’un génie en devenir Né le 29 octobre 1888 à Poustomazovo (Russie), il débute sa formation intellectuelle à l’École Technique Impériale de Moscou, une des plus prestigieuse université russe. Élève de Nikolaï I. Joukovski, surnommé le « Père de l’aviation russe », ils fondent en 1918, l’Institut d’aérodynamique et d’hydrodynamique central (TsAGI). C’est dans cet environnement que sont posés les bases des sciences aéronautiques russes avec le développement d’avions et de fusées célèbres avec l’utilisation systématique du duralumin à la place du bois pour la construction aéronautique.
Directeur adjoint de l’institut puis responsable du bureau d’études de l’institut en 1922, il conçoit avec son équipe aussi bien des avions civils ou avions de ligne, que des avions militaires, surtout des bombardiers.
Au Goulag au service de Staline Accusé d’espionnage au cours de la Grande Purge en 1937, il est désigné comme « ennemi du peuple » et
transféré au Goulag de Charachka avec une centaine d’autres spécialistes de l’aviation. Cet endroit devient une concentration de l’Intelligentsia au service de Staline pour développer de nouvelles technologies dans l’aéronautique. Ces recherches aboutissent entre autres à la création du bombardier bimoteur Tu-2 utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ses progrès scientifiques appuient sa
réhabilitation en 1943.
Un ingénieur reconnu Les
années d’après-guerre sont riches en innovations, des avions toujours plus performants renforcent son leadership russe dans le domaine des aéronefs de grandes tailles. Notons en particulier :
– le Tu-16 (code OTAN : Badger), un bombardier à réaction en 1952.
– le Tu-95 (code OTAN : Badger), un autre bombardier lourd à turbopropulseurs en 1954.
– le Tu-104, le 1
er avion de transport civil russe à réaction en 1955.
– le Tu-114, un avion de ligne commercial à longue distance.
De
nombreux prix récompensent ses avancées scientifiques dont le prix Staline en 1943, il est aussi membre de l’Académie des sciences de l’URSS, membre d’honneur de la Royal Aeronautical Society de Grande-Bretagne et le titre de héros du travail socialiste.
Une succession assuréeLe fils de Tupolev, Alexeï en 1963, prend la tête de l’équipe de concepteurs du
Tu-144, le célèbre avion de ligne appelé par dérision «
Konkordski » à l’Ouest, de part sa ressemblance flagrante avec le Concorde. Ce fut, en 1969, le premier avion commercial russe à franchir le mur du son lors d’un vol d’essai.
Moteur de l’industrie soviétique et élément clé du régime de Staline, Tupolev a joué un rôle déterminant pour l’avancée scientifique dans le domaine de l’aéronautique russe. Il décède à Moscou en 1972.
Ferdinand ZEPPELIN (Von)
Ferdinand ZEPPELIN :
le père des dirigeablesLe nom de Zeppelin est incontestablement rattaché aux ballons dirigeables. A tel point même que le grand public a une facilité déconcertante pour nommer ainsi la majorité des dirigeables. Il faut dire que
Ferdinand Von Zeppelin, aristocrate allemand du XIXème siècle, a véritablement révolutionné l’aventure de ces machines qui permirent en leurs temps de défricher le vol motorisé, et ce avant la naissance de l’aviation.
Comme souvent dans l’aristocratie allemande les fils devaient faire carrière dans l’armée, et le jeune
Ferdinand Von Zeppelin ne dérogea pas à la règle. Brillant jeune ingénieur, féru d’aérostation, adepte des théories des frères Montgolfier, il se lança dans un tour de l’Europe et des Etats-Unis.
A seulement 25 ans le 19 août 1963, sur autorisation spéciale du Président des Etats-Unis Abraham Lincoln, il participa à une mission d’observation du champ de bataille dans la région de Saint-Paul dans le Minnesota. Accompagné du Capitaine Steiner, de l’US Army, Zeppelin scruta les manœuvres des troupes nordistes et sudistes dans le secteur. Des coups de feu retentirent, et même des tirs d’artillerie, en direction de leur ballon. Comme celui ci ne pouvait que monter ou descendre Zeppelin comprit les limites de ces machines dans la guerre moderne. Derrière l’ingénieur pointait encore l’officier.
De cette mésaventure le jeune
Ferdinand Von Zeppelin ressortit avec une conviction. L’avenir était dans le mouvement, et la sphère, forme des montgolfières n’était pas ce qu’il y avait de mieux. C’est alors qu’il eut l’idée de concevoir le premier aéronef de l’Histoire, capable, tout en respectant les vents, de descendre et de monter, grâce à des moteurs à combustion et à des systèmes emprunté à la navigation maritime. L’aéronautique était en marche. Nous étions alors en 1874 et Zeppelin venait de terminer son temps obligatoire dans l’armée. Toutefois comme chaque aristocrate il restait très attaché à celle ci.
C’est à presque 60 ans, en août 1897, que Zeppelin déposa officiellement le brevet pour son LZ-1, le premier véritable dirigeable moderne. Toutefois l’usinage de cette machine était tellement compliqué qu’il fallut attendre le 2 juillet 2000 pour que le LZ-1 effectue son vol inaugural depuis le lac de Constance. Ce premier vol se déroula sans encombre et augura un très bel avenir à ce qui allait donner l’une des plus belles success-story de l’histoire aéronautique mais allait se terminer tragiquement avec le LZ-129 et son tragique accident à New York.
Ancien officier mais pacifiste affirmé
Ferdinand Von Zeppelin travailla activement contre la Première Guerre Mondiale et l’utilisation que le Keiser fit de ses dirigeables pour bombarder les villes britanniques et françaises. Pour Zeppelin il s’agissait là d’une dénaturation de son invention. En effet pour lui les dirigeables devaient servir à relier les hommes entre eux et non à les tuer. Toutefois le comte ne vit pas la fin du conflit puisqu’il mourut à 79 ans le 8 mars 1917.
Il ne vit pas non plus l’usage que firent les nazis de ses machines à des fins de propagande. Nul doute que cet amoureux des écrits de Jules Verne, de Victor Hugo, et de Goethe aurait refusé les théories raciales d’Adolf Hitler. Zeppelin demeure plus de 150 ans après sa naissance un des grands noms des origines de la conquête du ciel.