La
Société des Moteurs Salmson (plus simplement la SMS) est un constructeur français reconnu, de moteurs d'aviation et d'aéronefs. La société a été fondée en 1913 et a disparu en 1962.
Dès 1908, Emile Salmson se tourne vers les moteurs d'aviation, fonde la SMS en 1913 puis la première guerre mondiale permettra l'essor des usines et de la production de moteurs d'aviation et d'avions de tout premier plan.
À partir de 1919, la SMS se lance dans la fabrication d'automobiles. Les cyclecars Salmson (véhicules légers), bénéficieront rapidement de la technique avant-gardiste du double arbre à cames en tête (2 ACT), ce moteur permettant de très nombreux succès en compétition. En 1929, la production est orientée vers des voitures luxueuses et performantes, lesquelles disposent du très performant moteur 4 cylindres avec 2 ACT ou encore d'une conduite à droite comme toutes les automobiles de luxe, à l'instar des Delage.
Aéronautique
Moteur d'Aviation Salmson à sept cylindres en étoile refroidi par eau.
Dès l'origine de l'aviation, Salmson est un pionnier en matière de moteurs d'aviation. Le motoriste devient également constructeur aéronautique dès la première guerre mondiale, inaugure l'Aéropostale, puis équipe de nombreux avions de divers constructeurs à travers l'Europe. Ainsi durant plus de trois décennies, les moteurs d'aviation Salmson, à l'excellente réputation de fiabilité, ont permis d'équiper des milliers d'aéronefs ou encore de remporter de nombreux records : distance, endurance ou altitude.
À l'origine, Salmson se tourne vers l'aéronautique en développant à partir de 1908 un moteur d'aviation, à la demande de Georges Canton et de Georges Unné, deux ingénieurs de l'Usine Westinghouse de Graville et passionnés d'aviation. Il s'agit du type A, moteur fixe dit "Canton-Unné", à sept cylindres en étoile, de 7,7 litres, puissant (50 ch) et léger (55 kg), qui sera suivi de différent suivis de modèles ou types, de 11 litres et plus puissants (80 ch et 100 ch), puis après quelques années, c'est une version à neuf cylindres de 11 litres qui est présentée, développant 110 ch puis 130 ch.
Salmson-Moineau S.M.1 A3 -1016
Installée fin 1912 à Billancourt, la
Société des moteurs Salmson (SMS) est créée début 1913. Elle travaille pour l’État en fabriquant dans ses ateliers de construction mécanique, des moteurs d’avion durant la Première guerre mondiale , puis elle s’engage également dans la fabrication d’avions : fin 1915 vole le premier aéroplane de la marque. Salmson s'associe avec l'ingénieur René Moineau en créant le
Salmson-Moineau ou SM 1, un avion biplan biplace qui équipera l'armée française pour des escadrilles de reconnaissance pendant la guerre 1914-1918. En 1918, dans ses ateliers d'une superficie de 72 000 m
2, la production de la
SMS est considérable, et atteint chaque mois, 200 avions complets, 650 moteurs d'avion et 1 600 magnétos d'aviation. En 1917, le moteur type R9 atteint 160ch et en 1917 le moteur type 9Z, présente une puissance de 250 ch. Avec l'usine de Villeurbanne qui produit également des moteurs et des magnétos, la
SMS est alors l'une des plus importantes sociétés françaises d'aviation.
Des moteurs reconnus pour leur fiabilité
Pendant plus d'une décennie, et donc au cours de la Première Guerre mondiale, les moteurs Salmson en étoile à 7 cylindres (1908 à 1913) puis les 9 cylindres (1912 à 1917), ainsi que des 14 et 18 cylindres en double étoile (1913), utilisent la même technique et sont refroidis par l'eau. Les premiers modèles sont montés sur des avions par Farman, Hanriot, Breguet et Voisin et les progrès techniques sont rapides en raisons des commandes des Armées. Citons par exemple :
- En 1914, un des premiers biplan de reconnaissance et bombardement, le Farman HF27, construit avec un moteur arrière et une hélice propulsive autour d'une structure métallique avec une mitrailleuse en poste avant, est capable de voler quatre heures grâce au moteur Salmson de 140 ou 160 ch et d'emporter de surcroît, une charge de bombes de 250 kg. C'est aussi le Voisin type III (LA) avec des ailes d'envergures inégales et propulsé par le moteur Salmson 9 M de 120 ch constitue un avion de bombardement apprécié par de par sa résistance aux intempéries et lors des combats avec 800 exemplaires.
- En 1915, les 25 premiers bombardiers biplans Breguet Michelin BM1, capables d'emporter 400 kg de bombes sont livrés avec un moteur Salmson M9 de 130 ch. Mais c'est surtout le Voisin type V (LA. S) avec un moteur Salmson de 150 ch et produit à 350 exemplaires qui est remarquable. Il fut utilisé pour l'expédition de Ludwigshafen, qualifiée par la presse de plus bel exploit aérien. Le Maréchal Joffre a cité le 7 juin 1915 à l'Ordre de l'Armée, les 18 avions, pilotes et bombardiers du 1er groupe de bombardement qui ont effectué avec succès un bombardement sur d'importantes usines, accomplissant un trajet de plus de 400 km au dessus du territoire ennemi.
- En 1916, c'est le Breguet Micheli IV, qui parcours 600 km à 120 km/h avec une charge de 800 kg grâce au moteur Salmson 2M7, à 14 cylindres, de 200 ch. Ces deux appareils seront aussi équipés par Michelin de moteurs d'aviation Renault et nommés alors B-M II et BM IV-BLM.
- La même année est fabriqué une forteresse volante, le Voisin Triplan, bombardier lourd, mastodonte d'une envergure de 38,0 m, long de 23,80 m, haut de 5,42 m, d'un poids à vide de 4500 kg et en charge de 6500 kg ! Pour la motorisation de ce modèle unique ce ne sont pas moins de quatre moteurs Salmson de 250 ch qui ont été sélectionnés pour leur puissance et fiabilité et montés sur l'aile médiane, en deux tandems latéraux.
- En 1917, l'avion de chasse Hanriot HD3 qui vole à 192 km/h est équipé du puissant Salmson 9Za (9 cylindres), de 260 ch.
C'est dans les années 20 que la technique évolue et la production s'oriente vers des moteurs refroidis par l'air, plus simples de fabrication et plus légers. Dans les années 30, les différents moteurs de la gamme Salmson, équipent toutes les catégories d'avions et d'hydravions, notamment des Caudron Morane-Saulnier et Potez pour ne citer que les plus connus. Il s'agit de moteurs à 3, 6, 7 ou 9 cylindres. À partir de 1933, des moteurs d'avions à cylindres disposés en ligne et en V sont aussi fabriqués.
À titre d'exemples, sont mentionnés ci-après quelques aéronefs équipés des réputés moteurs en étoile à 9 cylindres Salmson, développant 40 ch, 120 ch ou 230 ch.
Moteur d'aviation Salmson AD9, 9 cylindres en étoile refroidi par air
- L'emblématique moteur AD9, à l'origine d'une puissance de 40 ch à 2000 tours par minute, homologué en 1925, motorise l'Avion monoplace léger d'Entrainement Maurane-Saulnier MS180, l'Avion de Tourisme Caudron C109, l'Avion de Tourisme biplan Potez 8, le Farman 230, l'Avion biplace d'Ecole et de sport Klemm (Allemagne), l'Avion et l'Hydravion Aeromarine Klemm AKL 25A (New-Jersey/USA), l'Avion American Eaglet 231 /USA),le British-Klemm L-25c (Grande-Bretagne) ou encore l'Avion d'Estafette et d'Entrainement Albert.
- La version intermédiaire AC9 120 ch à 1800 tours par minute (homologué en 1924), est quant à elle, montée sur l'hydravion d'école Caudron C168, l'hydravion de submersible et de perfectionnement Besson MB35, l'avion de tourisme et d'école Hanriot H36, l'hydravion d'école Hanriot H41, l'hydravion d'école Lioret et Olivier OH180, le dirigeable Vedette Zodiac de la Marine française, de même que l'appareil biplan Caudron C128 du Raid Paris-Le Cap-Paris.
- Le modèle 9Ne de 175 ch pour l'original Autogire Lioré et Olivier (LeO) C.30.
- Le puissant modèle AB9 230 ch à 1700 tours par minute, (homologué en 1924) équipe alors l'avion de transport biplan Farman Goliath, l'avion de transport biplan Blériot B 135, ainsi que les Potez 32 (avion de transport transcontinental)) et Potez 33 (avion de liaison commandé par l'armée de l'air française), mais encore les Caudron C140 (avion de liaison), Caudron C159 (avion d'école et d'entrainement) et aussi les avions d'entrainement Morane-Saulnier 130 et 120ET2.
Des moteurs performants détenteurs de records historiques et mondiaux
Dès avril 1913 à Monaco, la
SMS est s'engagée avec réussite dans la compétition. En effet, si les rapides hydravions monocoques Deperdussin Hydrocorsa à moteur Gnone gagnent les épreuves de vitesse, les machines équipées de moteur Salmson remportent toutes les épreuves de fond grâce à leur fiabilité :
- Le premier prix de l'International Sporting Club de Monaco : Louis Gaubert sur biplan Farman, Salmson 2M7, 14 cylindres en double étoile, 23 litres de 200 ch,
- La course Monaco-Beaulieu-San Rémo-Monaco : René Moineau vainqueur sur biplan Breguet H-U3 à flotteur central, Salmson de 200 ch, devant Henri Brégi sur biplan Breguet H-U2 à double flotteur, Salmson M7 de 115 ch.
Le 5 octobre 1914, la première victoire aérienne de l'Histoire de l'aviation est remportée par Joseph Frantz et Louis Quenault de l'escadrille V24, sur un biplan Voisin type III (LA) propulsé par un moteur Salmson 9M de 120 ch.
Salmson 2A2 1918
Le 25 décembre 1918, c'est à bord d'un aéronef Salmson 2 A2 que Pierre Georges Latécoère effectue le vol inaugural de la légendaire Aéropostale : l'avion Salmson 2A2, après ses succès pendant la Première Guerre mondiale, est rentré dans l'histoire de l'aviation.
Dans les années 30, c'est toute la gamme des moteurs d'aviation de 40 ch à 500 ch retenus par différents constructeurs d'avions, qui permettent à la
SMS de détenir 15 records du monde d'aviation, et pour un bon nombre, par des femmes.
Citons Maryse Bastié (1898-1952) qui, après Adrienne Bolland, est la deuxième femme détentrice de la licence de pilote, et qui acquiert une renommée mondiale suite à une dizaine de records. Ainsi le 1
er juillet 1928, elle remporte le record de distance en ligne droite, sans escale sur avion léger avec un passager (Le Bourget - Treptow soit 1154 km en 21 h), aux commandes d'un Caudron C109 équipé d'un moteur d'aviation Salmson AD9 40 ch. Toujours propulsée par un moteur Salmson AD9, elle bat pour la seconde fois, le record d'endurance féminin le 2 septembre 1930 en passant 37 h 55 min à bord de sonKlemm 25, baptisé Trottinette. En reconnaissance de cet exploit, la
SMS lui offre une voiture neuve tous les 2 ans jusqu'à son décès. Citée à l'ordre de la nation, Maryse Bastié est commandeur de la Légion d'honneur à titre militaire.
Farman 192 - Salmson AD9
Citons aussi Léna Bernestein (1906-1932) qui obtient son brevet de pilote à l'école civile d'Aulnat. Le 19 août 1929, à bord d'un Caudron C109 (moteur Salmson 40 ch), elle devient la première femme à traverser la Méditerranée soit 2 268 km). Elle est ainsi le second pilote, à traverser la Méditerranée après l'exploit de Roland Garros (23 septembre 1913). Ensuite, elle s’attaque au premier record de durée que détient Maryse Bastié (26 h 47). Les 1
er et 2 mai 1930, sur le Farman 192 moteur Salmson AB9 (230 ch) n° 4 F-AJLU spécialement préparé, elle vole pendant 35 h 45, battant le record mondial toutes catégories et féminin, de durée de pilote seul à bord, détenu jusque-là par Lindbergh. Enfin, le 30 mai 1931, elle tente sans succès un raid sur Saigon avec un Farman F-230 moteur Salmson AD9 (40 ch) baptisé Zanzi.
Citons enfin Margarete Fusbahn qui porte le 11 avril 1930, avec un Klemm 25 (moteur Salmson AD9), le record d’altitude de la catégorie à 4 614 mètres.
Le motoriste devenu constructeur d'avions
Salmson D-211 Super Phrygane 1956
Salmson excellent motoriste, se lance de surcroît dans la production d'avions à l'occasion de la Première Guerre mondiale et d'une commande des états-majors alliés (3 200 appareils). C'est ainsi que sont produits les Salmson 1, 2 et 4
Le Salmson 1 ou SM1 : ce premier aéroplane Salmson est développé avec l'ingénieur René Moineau : le Salmson-Moineau SM1. Il s'agit d'un biplan de reconnaissance à trois place et construit à 155 exemplaires, à la fin 1915. Très original, son moteur radial à refroidissement liquide de 120 ch puis 240 ch, était placé transversalement dans le fuselage qui entraînait via des arbres de transmission situés à mi hauteur entre les ailes supérieures et les ailes inférieures, les deux hélices placées entre les ailes, "à la façon d'un bimoteur". Son envergure est de 17,50 m, sa longueur 10,0 m, sa hauteur 3,80 m pour un poids de 2050 kg et une vitesse de 130km/h.
Le Salmson 2A2 (A2 pour reconnaissance tactique) est aussi un biplan, mais biplace équipé d'un moteur 9Za , 9 cylindres en étoile refroidi par eau de 260 ch. Son envergure est de 11,75 m, pour 8,50 m de long, un poids à vide de 700 kg, en charge de 1 290 kg, une montée à 1 000 m en 3 min 18 s, un plafond de 6 250 m et une autonomie de 500 km. Le Salmson 2 A2 est produit par Salmson à 2200 exemplaires et ils seront également produit sous licence : les usines Latécoère, Hanriot et Desfontaines en produirons plus de 1 000 exemplaires en 1918. La licence est aussi reprise au Japon (Kawasaki-Salmson) et par l'Armée Impériale avec peut-être un millier d'exemplaires produits.
Le Salmson 4 AB2 (AB2 pour le soutien rapproché) est le premier avion blindé de l'Histoire. Equipé d'un blindage léger, cet avion d'attaque au sol sera produit en 1918, peu de temps avant la fin du conflit, à une quinzaine d'exemplaires. Ses dimensions sont similaires au Salmson 2 A2, avec un poids à vide de 780 kg et équipé de 3 mitrailleuses.
Au printemps 1936, apparaît l'avion de tourisme Salmson D-6 « Cri-Cri », un avion biplace double commande équipé du moteur maison 9 ADR de 60 ch. D'une envergure de 9,66 m, long de 6,90 m, haut de 2,18 m, pour un poids à vide de 315 kg, un poids total de 570 kg, il présente une vitesse de croisière de 134 km/h et un rayon d'action de 500 km. Maniabilité, sécurité, stabilité sont les maitres mots de cet aéroplane destiné à l'aviation populaire.
Après la Seconde Guerre mondiale, la SMS reprend ses activités avec les difficultés économiques de l'époque. En juin 1956, le Salmson
Super-Phrygane D-211 (57
e version du Phrygane) est le dernier avion conçu, produit et commercialisé par la
SMS.
Modèles d'avions produits
Hanriot HD.3,
Hanriot H.26,
Hanriot H.31,
Hanriot H.33,
Salmson-Moineau A92H,
Salmson-Moineau S.M.1,
Salmson-Moineau S.M.2,
Salmson 1 A.3 (triplace pour pointage d'artillerie),
Salmson 2 A.2 (biplace pour pointage d'artillerie),
Salmson 2 Berline (transport dérivé du 2 A.2)
Salmson 2 de l'Aéropostale,
Salmson 3 C.1 (chasseur),
Salmson 4 Ab.2 (attaque au sol),
Salmson 5 A.2 (biplace pour pointage d'artillerie),
Salmson 6 A.2 (biplace pour pointage d'artillerie),
Salmson 7 A.2 (biplace pour pointage d'artillerie),
Salmson 16 A.2 (biplace pour pointage d'artillerie),
Salmson D-1 Phrygane (1934),
Salmson D-2 Phrygane,
Salmson D-3 Phryganet,
Salmson D-4 Phrygane Major,
Salmson D-6 CriCri (1936),
Salmson D-7 CriCri Major,
Salmson D-21 Phrygane,
Salmson D-211 Phrygane,
Salmson D-57 Phryganet.