Un bel article sur d'Apremont et son château
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Le parc floral d’Apremont-sur-Allier, labellisé Jardin remarquable, salue l’arrivée du printemps en rouvrant ses portes ce dimanche. Créé dans les années 1970 par Gilles de Brissac, il est aujourd’hui géré par sa petite-nièce, Louise Hurstel. En ce moment, jonquilles, tulipes et narcisses dressent leurs jolies têtes dans les massifs, tandis que les fleurs jaunes du forsythia mettent de la gaieté sur le vert des pelouses. Et ce n’est qu’un début?! La saison est lancée, les floraisons vont se succéder dans le parc floral d’Apremont-sur-Allier.
« C’est une période que j’aime beaucoup, avec ce petit vert tendre… savoure Louise Hurstel, propriétaire. Les premiers cerisiers du Japon fleurissent. Dans trois semaines, les glycines vont commencer à s’ouvrir, en mai, ce sera le tour des roses… » Et l’été sera là, comme une explosion de couleurs et de parfums.
Seul le parc est accessible, pas le musée
L’autorisation d’ouvrir, confirmée en début de semaine par la Préfecture, s’accompagne de deux bémols. D’abord, seul le parc floral est accessible au public?; pas les écuries, où l’exposition Mariées d’ici et d’ailleurs, déjà présentée l’an dernier, s’est enrichie de nouvelles tenues. Ni bien sûr les deux restaurants du village. Ensuite, le département tout proche de la Nièvre, d’où sont originaires beaucoup de visiteurs, vient d’être reconfiné.
Photo Pierrick DelobelleIl n’empêche :le parc peut rouvrir, et c’est une bonne nouvelle. L’an dernier, il avait fallu attendre le mois de mai. « Nous n’avons pas eu de groupes ni d’étrangers, comme d’habitude, mais beaucoup plus de locaux, note Louise Hurstel. Au final, l’année a été plutôt bonne. » Aujourd’hui, ce sont les gîtes et les chambres d’hôtes que la crise sanitaire affecte : « ils sont rouverts depuis une semaine, mais il manque une offre de restauration, bien que chez nous, ils aient une petite cuisine. »
Conçu pour « créer une activité pour le village »
Inauguré en 1977, après plusieurs années de travaux, le parc floral imaginé par Gilles de Brissac, grand-oncle de Louise Hurstel, avait pour objectif de « créer une activité pour le village ». Une façon pour lui de poursuivre l’œuvre d’Eugène Schneider
(lire ci-dessous). Avec la fermeture des carrières de pierre et la fin de l’activité fluviale, Apremont-sur-Allier se mourait, perdant ses habitants et ses commerces.
Le belvédère. Photo Pierrick Delobelle Ainsi est né ce jardin, « parti d’une page blanche », gagné sur une ancienne carrière transformée en cascade et des prés à vaches, sans oublier les potagers des habitants et même la place du village. Quelques maisons, toujours occupées, y sont d’ailleurs intégrées.
« Gilles de Brissac avait toujours voulu créer un jardin, il aimait beaucoup les fleurs. » Développé sur presque cinq hectares, le parc d’inspiratin anglaise, avec ses vastes pelouses sur lesquelles on peut marcher (il n’y a pas d’allées) est aujourd’hui à maturité, avec ses étangs, ses arbres rares majestueux, sa voûte de glycines de Chine et du Japon, ses fabriques.
Trois fabriques rythment le paysage
Aussi appelées folies, ces constructions - pont-pagode japonais, pavillon turc, Belvédère - réalisées en 1985, 1994 et 1997 rythment le paysage et la promenade dans le parc d’Apremont. Elles sont l’œuvre du peintre-architecte Alexandre Serebriakoff (1907-1995). La dernière fabrique en date, le Belvédère « offre plusieurs vues sur le château, l’Allier et le village », décrit Louise Hurstel. Il a fallu dix ans à la faïencerie Montagon, de Nevers (Nièvre), pour réaliser les huit panneaux qui le décorent, d’après les dessins d’Alexandre Serebriakoff.
Louise Hurstel dans le Belvédère. Photo Pierrick Delobelle Tony Poupin, le chef-jardinier, qui travaille à Apremont depuis vingt-cinq ans, veille sur l’héritage de Gilles de Brissac, le fait prospérer et évoluer tranquillement. En saison, le parc emploie trois jardiniers, et deux personnes à la caisse.
Nos articles sur le jardinage Entre 35.000 et 40.000 visiteurs par an
Dès le départ, l’idée était de partager, c’est-à-dire d’ouvrir le parc aux visiteurs. Ils sont aujourd’hui entre 35.000 et 40.000 à venir s’y promener chaque année. « Nous pouvons avoir une grosse journée par an, avec 1.000 personnes, mais en général, c’est de 400 à 800 pendant l’été », souligne Louise Hurstel. « Le parc est suffisamment grand pour que chacun puisse le visiter à son rythme, s’asseoir sur un banc… » Ou se prendre en photo sur le pont-pagode japonais, repeint voici deux ans. Un décor exotique avec ses couleurs vives, très apprécié, paraît-il, par les jeunes mariés.
L’idée de partage a aussi présidé à la mise en place, très récente, d’un accueil pour les scolaires. « Nous travaillons avec des animateurs, qui proposent des ateliers liés à la nature : land-art, création de parfum, peinture naturelle… »
Pas de chasse aux œufs, mais une nocturne en août
Pour cause de Covid, la traditionnelle chasse aux œufs, prévue le 4 avril, a été annulée. Mais si tout va bien, la troisième édition de la nocturne aura lieu le 28 août. « Le parc est illuminé avec des bougies et les gens peuvent venir avec leur pique-nique. »
En saison, le village accueille un festival de musique (prévu les 2, 8, 9 et 13 mai) et une fête des Plantes sur les bords de l’Allier (les 16 et 17 mai).
Horaires. Le parc floral d’Apremont-sur-Allier est ouvert tous les jours, de 10?h?30 à 12?h?30 et de 14 heures à 18?h?30, jusqu’au 3 octobre, ainsi que les week-ends des 9 et 10 et 16 et 17 octobre.
Entrée : 10 €?; 6 € (de 7 à 12 ans)?; 5 € (personnes handicapées, accès partiel au parc)?; gratuite pour les moins de 7 ans. Carte d’abonnement saisonnière individuelle, donnant droit à un accès illimité pendant la saison : 30 €?; 15 € (7 à 12 ans).
Port du masque obligatoire.
Renseignements : 02.48.77.55.06 ; www.apremontsurallier.com L'héritage d'Eugène Schneider
Ses charmantes maisons de style médiéval berrichon, au bord de l’Allier, lui ont permis de gagner sa place dans la liste des
Plus beaux villages de France. Pourtant, Apremont-sur-Allier n’a pas toujours offert ce cadre impeccable et pimpant.
Les chambres d'hôtes. Photo Pierrick Delobelle C’est à un homme,
Eugène Schneider, qu’il doit cette harmonie. Celui-ci, maître de forges, dirigeant des usines du Creusot,
découvre Apremont par son mariage et entreprend la rénovation du château, ancienne forteresse du XVe siècle dominant l’Alllier. Il s’intéresse également au village, qui s’étire en contrebas.
« Petit à petit, Eugène Schneider a racheté les maisons, une par une. Une seule habitante refuse de vendre, et sa maison est toujours habitée par son petit-fils, aujourd’hui. »
LOUISE HURSTEL
Eugène Schneider ne se contente pas d’acquérir les habitations : il les transforme, en détruit certaines, en reconstruit d’autres et, finalement,
remodèle tout le village. En conséquence, en plus du parc floral de Gilles de Brissac, la famille entretient aujourd’hui le parc immobilier légué par Antoine Schneider, constitué de tout un village.
Une trentaine de locataires
« Nous avons une trentaine de locataires », indique Louise Hurstel. Ce sont pour la plupart des personnes qui vivent ici à l’année. Pour les vacanciers, l’offre de logement s’est enrichie d’un gîte et de chambres d’hôtes.
Toujours habité,
le château d’Apremont ne se visite pas. Il est inscrit sur la liste des
monuments historiques, ainsi que ses écuries, qui abritent le musée des Calèches et l’exposition annuelle.
Martine Pesez